Après un voyage quelque peu chaotique (s’éclater la tête sur le plafond d’un bus n’est en soi pas très agréable !), nous arrivons à Tupiza au milieu d’un nouveau paysage : rouge et désertique.
Tupiza est nichée dans l'étroite vallée agricole arrosée par la rivière Tupiza et entourée par les montagnes de la cordillère des Chichas, qui est formée par des montagnes de couleur rouge qui abritent de nombreux villages miniers. En 1908, les célèbres hors la loi américains Butch Cassidy et Sundance Kid commirent leurs derniers vols à Tupiza. Ils furent ensuite pris en chasse par un petit peloton de l'armée bolivienne dans la ville minière voisine de San Vicente. Les bandits y furent blessés au cours d'un échange de tirs et Butch Cassidy aurait achevé son compagnon avant de se donner la mort. Pour nous, Tupiza offre beaucoup de possibilités pour découvrir la région, et nous allons en profiter : cheval, VTT de descente, jeep et marches sont au programme. Nous allons découvrir paysages incroyables et nombreuses légendes (ici aussi, ils ont les petits lutins, les duendes). Peu à dire mais beaucoup à voir ici.
Mais nous ne sommes pas aller à Tupiza uniquement pour faire tout çà. C’est aussi la ville offrant des départs pour faire une caminade motorisée (en 4x4) de 4 jours dans le sud-lipez avec notamment l’incroyable Salar d’Uyuni. Et bien : whaou les amis. Pachamama était bien inspirée le jour où elle a créée ces paysages. Oui oui : whaou. En 4 jours s’enchainent vallées désertiques, villages incroyablement restés 1 siècle en arrière, lagunes aux couleurs incroyables, lamas, hôtel de sels, salars … ! On a essayé de vous sélectionner le must des centaines de photos que l’on a prises durant 4 jours : en route - Jour 1 et 2 - Jour 3 et 4.
Une petite note d'actualité sur le salar ... que va-t-il devenir ? Il faut plisser les yeux pour voir le salar d’Uyuni : les 12 000 km2 d’une blancheur immaculée qu’on aperçoit sont les vestiges d’un ancien lac juché à 3 700 m d’altitude. C’est le plus grand désert de sel du monde. Sous sa croûte durcie et dans la saumure dort du lithium, un métal ultra-léger qui dessine les contours mondiaux d’une nouvelle géopolitique.
Déjà utilisé dans les médicaments antidépresseurs ainsi que dans les batteries d’ordinateurs ou de téléphones portables, cet élément devient un trésor pour les voitures hybrides ou électriques. Si ces véhicules s’imposent, le lithium sera l’alternative au pétrole.
Mitsubishi, Bolloré et Sumitomo lorgnent le salar. Ils courtisent La Paz pour exploiter l’or gris de la Bolivie, le pays le plus pauvre d’Amérique du Sud. Mais le président socialiste Evo Morales est catégorique : l’État ne cédera jamais ses droits sur du lithium. Il aspire non seulement à l’exploiter, mais aussi à fabriquer des batteries et des voitures électriques boliviennes.
Usine-pilote L’État a investi 6 M$ pour construire une usine-pilote en périphérie du salar. Plus d’une centaine d’ouvriers s’y affairent depuis octobre 2008. Ils y seront jusqu’en janvier prochain. «Ici, c’est l’avenir des batteries au lithium», affirme Marcelo Castro, ingénieur responsable de la construction de l’usine pour la Direction nationale des ressources d’évaporites de la Bolivie. L’entreprise minière publique, COMIBOL, chapeaute le tout.
Dès 2010, l’usine-pilote produira 40 tonnes de carbonate de lithium par mois, l’équivalent de près de 8 tonnes de lithium. La saumure pompée dans le salar sera traitée dans des piscines totalisant 150 000 m2. Technologies et procédés y seront expérimentés. «En fonction des résultats suivra la phase industrielle dans deux ou trois ans, poursuit le responsable du chantier. Un investissement de 300 M$ est prévu. La production dépendra du marché.»
Il n’y a pas de consensus quant à la quantité de lithium disponible dans le monde : entre 4 et 30 millions de tonnes, selon les méthodes d’extraction retenues. Suivant l’ensemble des estimés, la Bolivie cumule néanmoins la moitié des réserves. Suivent le Chili, l’Argentine, la Chine et le Brésil.
Défense du capital L’usine «créera du capital et réduira la pauvreté extrême du pays», selon Marcelo Castro. «Notre pays est riche, mais on est pauvres», rappelle-t-il. Les étrangers ont pillé la Bolivie durant des siècles. Non loin d’Uyuni, les conquistadors ont vidé les mines d’argent de Potosi. Pas question que le scénario se reproduise.
Et à la vigie, les mouvements sociaux. «Ils sont la garantie de notre succès», affirme l’ingénieur. Des mobilisations sociales ont déjà permis d’annuler un contrat américain désavantageux pour les Boliviens à la fin des années 1980. Francisco Quisbert, dirigeant de la Fédération des travailleurs paysans de l’Altiplano Sud (FRUTCAS), s’était mobilisé à l’époque. Rencontré à son bureau, il demeure au front. «Plusieurs disent qu’on n’a ni l’argent ni la technologie, mais l’extraction du lithium varie selon les lieux, précise-t-il. La technologie se conçoit. L’argent se prête. L’exploitation peut et doit être à 100 % étatique, pour qu’on puisse réinvestir en Bolivie. On ne veut pas de multinationales.» MARIE-SOLEIL DESAUTELS - 11/11/09 |
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