Garage Olimpo Imprimer
Écrit par Jonathan   

Premières images : on ne discerne pas bien la nature de ce qui défile sous nos yeux tant le plan est rapproché. Le cadre s'éloigne et révèle la mer troublée par on ne sait quoi, survolée par un hélicoptère. La ville, argentine, s'élève en arrière plan, grouillante de vies qui se rendent au travail. Dans cette normalité, on n'ose pas croire que le sac discrètement passé à la jeune fille du bus contient une bombe. Nous sommes en pleine dictature militaire en Argentine, entre 1976 et 1983.


Maria enseigne la lecture et l'écriture dans un bidonville. On croit savoir qu'elle mène une action anti-gouvernementale, mais on ne saurait trop dire précisément laquelle. Elle rentre chez elle, retrouve Felix, son colocataire qui lui dit qu'il est amoureux d'elle. Maria se lève, il fait beau, tout est calme. Elle s'habille d'une robe que Félix a ramenée de son travail, elle ne sait pas trop d'où cela vient mais c'est une jolie robe.

Quand la police est entrée pour l'arrêter, elle a essayé de fuir, mais c'était impossible. Sa mère a crié, a demandé où ils emmenaient sa fille, ils lui ont répondu au commissariat. Très organisée, la bande du Garage Olimpo conduit la jeune fille dans les camps de la mort argentins. A Buenos Aires, certains sous-sols sont des salles de tortures. Les employés pointent comme n'importe quel ouvrier pour aller massacrer les indésirables de la dictature militaire. La simplicité de la machine est déconcertante, en surface la vie continue, les gens prennent leur voiture, marchent dans la rue, tandis que le bruit d'un transistor s'échappe imperceptiblement d'une plaque d'égout et couvre les cris des torturés. A la radio un commentateur de foot crie goooooal et on a l'impression qu'il exprime sans le savoir la douleur des condamnés.

"On peut dire que la seule partie véritablement autobiographique de ce film ce sont les sons. J'ai passé deux semaines séquestré, avant de retrouver le système carcéral officiel. Ce que j'ai retrouvé c'est la matière et l'épaisseur sonore des camps. Le bruit de métal sur le ciment, les commentaires des matchs de foot (...) que j'entendais et que j'écoutais pour essayer d'oublier le cri des autres." déclare le réalisateur.

La force de ce film réside dans sa sobriété. La vigilance dans les images choisies éloigne le film de tout propos réactionnaire engageant la réflexion dans un domaine plus large. "Le déclic est venu en 1995. Je suis allé en Bosnie à Sarajevo, et j'ai compris que mon histoire restait totalement d'actualité - nous dit Marco Belchis. Cette histoire jalonne notre siècle, c'est celle de la négation de l'individu par un État qui cherche à imposer son pouvoir par la violence."

Il y a un système, une bonne façon de torturer les gens, des choses qu'on ne fait pas, la bonne décharge électrique pour le juste poids d'un corps. Les victimes bien que politiques sont des gens ordinaires, des mères qui ont des enfants, des vieux, des jeunes... Maria pleine de dignité est en perpétuel combat, se refuse à la résignation. Les bourreaux ne sont pas tous des monstres, ils ont un travail, une famille qu'ils aiment et ils ont l'air heureux. A l'image de Félix, et l'on comprend soudain toute l'horreur contenue dans la pile de vêtements rapportée chaque jour et déposée dans le salon.

Massacrées à petit feu, ces vies seront bientôt réduites à rien, jetées à a la mer, disparues à jamais. Générique de Fin.

Les noms défilent en silence tel un résumé de ce que nous venons de voir. Liste de disparus potentiel : Roberto Espinoza - Mike Santy - Marcos Mafuli , un bruiteur, un cadreur, le responsable de la sécurité... des vies. (Source : http://www.fluctuat.net

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Garage Olimpo - Marco Bechis - 1999


Pour en savoir plus sur le Proceso de Reorganización Nacional : lien 1 (es) / lien 2 (fr)

 

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